12 juin 2024@Électro-tap en suspension…émotion au sommet.
- isabelleleize
- 12 juin
- 3 min de lecture

Totalement inédite. Totalement novatrice. Totalement éblouissante.
Humaine. Tribale. Viscérale. Aérienne. Sensuelle. Puissante. Touchante.
Essentielle. Absolument essentielle.
Essentielle Candice Martel.
Voilà une artiste aux mille et une facettes (claquettes, danse, interprétation, chorégraphies, montage de projets toujours inspirés et inspirants sur le déterminisme social et sociétal, réalisation de documentaires sur la condition des femmes dans le monde…). « Engagée », le mot est un peu galvaudé pour elle. Car son engagement sur chaque projet est tel qu’il dépasse tous les entendements.
Le spectacle que je viens de voir me bouleverse encore. Je n’arrive pas à m’en détacher. Sans doute parce que je suis pas à pas la création depuis le tout-début. Et que je connais l’investissement physique, créatif, la sueur, les larmes, les blessures, les soutiens que l’on pensait évidents, ceux inattendus qui finalement se brisent, le besoin de prouver 50 fois plus qu’un homme, la performance de revenir sur scène après une longue absence, d’être à la fois sur le plateau et de porter en cheffe d’orchestre tout un projet…
Depuis cette salle en noir, il y a trois ans avec juste elle, ses claquettes et les synthés du modulariste Modgeist… Il y avait un embryon de quelque chose de jamais vu. Le groove était déjà là. On sentait tout le potentiel. Mais arriverait-elle a le déployer ? Il n’y avait pas trop de doutes, connaissant sa volonté et sa hargne… mais les voix de la culture sont souvent plus qu’impénétrables… Lorsqu’elle a décidé d’ajouter une guitare électrique, celle de Thomas Naïm (absolument divinissime de classe et de virtuosité), la magie est arrivée. Il fallait encore un ingé son, Adrien Bourget, pour le peaufiner dans les moindres détails… et un regard extérieur pour la chorégraphie, grâce à Gladys Gambie, qui a suggéré avec subtilité des éléments qu’elle a jugé intelligemment indispensables.
« Électro tap, musique à regarder, vs danse à écouter » est absolument incroyable. Parce que c’est absolument totalement du jamais vu. Parce qu’il bouscule toutes les frontières que l’on aime créer en France. Parce qu’il est unique.
Entre les séquences si finiment menées, elle se pose quelques instants sur un fauteuil, retire ses tap shoes… revient pieds nus telle une boxeuse remontant sur le ring de nos émotions. Pour nous offrir une séquence ancrée profondément dans le sol, à la source de la terre, de la vibration, faisant penser à ces tribus dansant ensemble où le corps s’oublie et la montée vers le ciel se transforme en transe… Et cet instant avec son guitariste, en dehors du temps. Dans la lignée de l’élégance des plus beaux duos… En totale suspension.
Dans le sol, dans les airs. Sur du métal. Un piano. Du sable. Elle s’ancre. Elle vole. Et quand elle prend la parole, évoquant Peg Lag Bates, tap danseur unijambiste, parole de femme revendicatrice aussi, l’artiste montre toute sa force et sa fragilité.
On est ému, bouleversé, chamboulé, on sourit, on rit, on plane… on se dit qu’on a de la chance d’être là. Une chance infinie. L’impression d’être privilégiée. Sauf que la culture ne devrait jamais être privilégiée. La culture doit être pour tous. Car elle est essentielle. Absolument essentielle. Parce que des moments comme celui-là vous portent pour longtemps, vous interrogent, vous remuent, vous imprègnent, vous bouleversent et vous encouragent à suivre vos rêves…
Parce qu’ils visent aussi à « recoudre », comme le dit si bien Thomas Jolly, tout ce qui nous rassemble. L’émotion. La joie. L’intensité. Le partage. Le « être si bien ensemble ». Des moments de grâce infinie… qu’il faut défendre et porter. Corps et âmes. Absolument.
Carreau du Temple, 11 et 12 juin 2025, 19h30.
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