Aujourd'hui, c'est le 42ème. 42ème rendez-vous chez mon kiné aux doigts de fée, mais surtout à l'humour à la sauce english, absolument ravageur, qui fait mouche à chaque fois avec moi. Le nombre de fous rires que l'on s'est piqués !
Pourtant, je suis peu triste depuis deux jours. Petite incompréhension avec un ami cher. Aujourd'hui, il m'a envoyé "Don't worry, be happy" et Bobby Mac Ferrin s'invite dans ma playlist sur le chemin de l'école. Un air qui va vite me trotter dans la tête… En cours ce matin, mes élèves sont d'humeur joyeuse -comme très souvent, tout le temps en fait ! -, l'un d'entre eux me demande s'il peut mettre de la musique pendant que l'on planche sur des affiches à créer, des Tik Tok à envoyer, un trombinoscope à réaliser…
Petite parenthèse. Il m'arrive un truc assez dingue depuis quelque temps. Moi qui ne pouvais écrire que dans un lieu calme, à l'abri des remarques et des conversations, à l'abri du bruit. Moi qui ne pouvais pas écrire une seule ligne en écoutant des chansons puisque je les chantais en même temps dans ma tête, avec les paroles (et les bonnes !) s'il vous plaît… et bien je me découvre une nouvelle passion : travailler dans les cafés. L'odeur des gâteaux préparés, du café même si je n'en bois jamais, le bruit des tables, le murmure des conversations des amoureux qui s'enlacent, le brouhaha des groupes qui rient… et même un match en fond sonore ! C'est fou ! J'ai mes cafés de prédilection. Vous pouvez me croiser en vrac : chez "7g" rue Saint-Melaine, leurs gâteaux sont à tomber et ils sont TELLEMENT sympas, au "1802" rue d'Antrain, leur London Fog et leurs sourires me remontent toujours le moral, vers "Les Clandestines" rue de Paris où Gaëlle et Manuella ont toujours une douceur sucrée salée ou même palabrée… j'ai découvert récemment le "BDS" quai Lamenais et j'adore leurs petits coins recoins et leur chocolat viennois ! J'ai même donné un cours là-bas. Et bien j'arrive à me concentrer, à écrire, à rêver, à créer… Tout un nouveau monde s'ouvre à moi !
Mais revenons là où je vous ai laissés : dans la classe. Fond sonore autorisé alors. Et devinez quoi ? Bobby McFerrin s'invite de nouveau… je ne le crois pas ! Je ne le crois pas ! C'est fou, non ? J'adore ce genre de clin d'oeil en forme de signe. J'en ai tout le temps, quasiment tous les jours. Mais celui-là a une belle résonnance. Ben Mazué raconte que sur la route des Victoires de la musique, il a croisé une grue de chantier (vous me direz plus facile que de croiser Bobby, mais bon…) et il y a vu un signe envoyé par sa maman… Dois-je avoir confiance en l'avenir ? Allez, on plonge : OUI ! Trois fois OUI !
Après le déjeuner, je rejoindrai mes étudiants d'ailleurs pour un blind test trop drôle, me faisant écraser… ils connaissent même Flashdance, Yves Montand, Bourvil, Jeanne Mas ou Garou… ils sont décidément trop forts ! Petite choré improvisée dans la salle violette avant de retourner travailler… comment ne pas être heureuse ?
Mais je voulais vous parler de mon kiné. Je m'égare aujourd'hui (et je ne suis pas dans un café !). Lui rendre hommage. Parce que m'avoir supporté pendant 42 séances quand même. Moi et ma paralysie faciale. Moi et ma mélancolie toujours que de passage mais là quand même, ma fatigue résiduelle et la tristesse d'un mariage qui s'écroule, la colère de la trahison. De la désillusion. Mais surtout la force et la bonne humeur ! Et les rires… On confie beaucoup de choses à son kiné. Il faut dire qu'on y passe du temps. Cela fait un an et demi qu'il me suit. Au départ une fois par semaine, puis les séances ont fini par s'espacer. C'est bon signe en général. Sauf que moi, j'ai besoin de lui ! Ses trains Brio qu'il affectionne. Ses miroirs. Les exercices sur son ordinateur. Les conseils cinoche. Ses massages pas tous agréables. Qui font super mal même. Il n'arrive jamais à me faire taire. Sauf quand il masse l'intérieur de ma joue (et encore !). Je dois le saoûler des fois. Le trop d'énergie ça saoûle les gens des fois. Mais on rit. Beaucoup. Énormément. Peut-être qu'il ne se rend pas compte que c'est sans doute cela qui me fait le plus de bien.
Je lui explique que j'ai foncé en urgence chez le dentiste tellement j'avais mal aux gencives. Il me dit que ce sont les sinus. Attention cours d'anatomie, mais option coton coton ! Blouse et bâton obligatoires. Nous avons tous des sinus, qui fonctionnent par paire, et, scoop : "vous allez aimer, je le sens"……… "Vous êtes prête ? Les hommes ont des plus grands sinus", "Ah, oui, toujours des trucs plus grands les hommes, toujours plus grands, la compet encore, la compet… c'est ça que je vais aimer ?" "Attendez, attendez… s'ils ont des plus grands sinus, cela signifie… allez, on réfléchit ! Cela signifie…" "Bah, je ne sais pas qu'ils ont une plus grande tête ? Ne me faites pas dire un plus grand cerveau sinon je quitte votre cabinet illico !" "Mais non, mais non… cela veut dire… qu'il ont… qu'ils ont… plus d'air dans la tête !"… Petit rictus de réflexion (le temps que cela monte au cerveau, qui est plus grand puisque je suis une femme…) "Pardon ?! Les hommes ont plus d'air dans la tête ? Est-ce que vous pouvez me répéter ça encore, s'il vous plaît monsieur Thomas ?" "Les hommes ont plus d'air dans la tête"…
Silence. Pause. Explosion de rire général. Feu d'artifice de rire inarrêtable, qui se prolongera encore avec un autre fou rire sur un autre sujet, dont je ne me souviens même plus. Ce kiné est exceptionnel (et pourtant il a plus d'air dans la tête, comme quoi…).
Ah, bah, voilà. J'ai trouvé. La réponse était pourtant là, sous nos yeux… ou plutôt au-dessus ! THE explication. Une simple histoire d'air…
Moi, j'en voudrais un qui a plus d'airs dans la tête, plus de chansons et de mots… mais c'est une autre histoire.
Commentaires