Bande-son Emma Peters. Traverser. Traverser la ville. Ma vie. Personne à qui dire je t’aime. Et pourtant, le ciel de Paris m’entraîne. Les quais, auréolés d’or. Le pont des Arts. Débordant de vent, vidé d’attaches, mais rempli de signes… Choré ?
« Est-ce que tu danseras pour moi toute la vie ? »…
Est-ce que j’en ai envie ? Mais vraiment ?
Se sentir papillon plutôt en fait. Profiter. De tout. De chaque journée qui débute. De chaque minute. Seconde. Milli seconde.
De TOUT ce que la vie va m’offrir après ces années de déroute. Se sentir vivante. Intense. Puissante même. Tiens.
Alors profiter.
Du vent sur ma peau le matin. De la caresse d’une main. Le long de ma joue. Dans mon cou. Et plus si affinités. Ou pas. D’une danse dans la rue. D’un sourire complice dans le métro. Même depuis l’autre quai. D’une soirée avec des rugbymen rugueux à enchaîner les fous rires. D’un café-thé avec un poète à refaire le monde. Élaborer des projets de cinoche. Se faire des promesses. Jusqu’ici toujours tenues. D’une après-midi à boucler mon livre dans un atelier tout de bois vêtu, lumières travaillées, adorablement prêté. Sentir les bonnes ondes de tous les écrits chéris se faufiler… D’une réunion sommet à animer en free style total. Et y arriver. Haut la main même ! De journées de salon à virevolter entre les connaissances. Aller discuter avec des personnes très très importantes que je voulais rencontrer. Se faire inviter à des fantastiques soirées. Des fêtes à venir. Renouer les fils de toutes les connexions. Dire non aussi. Parce que non. Je n’ai pas envie. Point. Prendre un train tôt le matin pour aller voir la mer. Glisser un maillot dans le sac à dos. Même s’il peut ne pas servir… parce que se baigner nue dans l’océan, les torrents, les rivières, c’est quand même le pied. Profiter aussi d’un tartare, tradition parisienne depuis la nuit des temps. Dire oui. Parce oui. Parce que… le temps est bon. Heure exquise. D’une balade dans la rue main dans la main. Oui, les mains, c’est important.
Profiter. D’une nuit à la belle étoile, ciel rempli de lumières scintillantes d’été en bandoulière, avec la grande, la petite ourse, Orion, Cassiopée, les satellites flippants en rang d’oignon mille pattes, bougies, chaleur, rires, bande-son : loirs, chouettes, loup… ivresse et tendresse… Et un peu d’imagination. Parce que l’imaginaire, rien de plus puissant.
Être du matin. Toujours. Parce que rien ne vaut la ville, la forêt, le soleil, qui se réveillent. Le chant d’un oiseau. Le miracle d’un matin renouvelé. La fraîcheur d’une brise à la fenêtre pendant que je salue le soleil avec ce yoga danse à ma sauce. Toujours un brin épicée. Les épices, c’est important.
Mais être aussi de la nuit. Danser jusqu’à ce que le bar ferme. Sacrément bien entourée, protégée. Être la dernière sur la piste. Passer une nuit d’ivresse, tendresse, caresses, fous rires, souvenirs… dormir deux-trois heures… Parce que quelquefois, les nuits sont plus belles que les jours. Et se réveiller quand même très tôt. Parce que rater un matin… ce n’est pas dans mon ADN. Quitte à replonger dans les bras de Morphée quelques heures plus tard. Privilège de l’indépendance. Elle a quelquefois un prix. Mais une liberté inestimable. Essentielle.
Parce qu’on n’a qu’une vie. Une seule. Unique. Et que cette conscience aiguë orchestrée depuis toujours, ressentie intensément dans chacune des cellules de mon corps, dans chacun des pores de ma peau, renforcée à la perte d’êtres chers bien trop tôt disparus, par les épreuves où je ne suis passée pas loin du KO, par les témoignages de survivants de cœur, d’océan, de rue… est vitale. C’est crucial la vitalité.
Chaque minute, seconde, milli… est à vivre. Intensément. Intense. Le mot qui m'a toujours guidée. Comme un papillon à une étoile. Comme une antidote.
Bande-son Jeanne Added. Merveille.
"Nobody's perfect, I realize
Believe me, I sympathize
It's not empty and it's not vain
To live in love, and love again
None of this is faithlessness
It's an antidote to bitterness
I will love you, nothing less
For seeking out some tendernеss"
"Tenderness", un si joli mot… Bon entendeur. Le temps est bon.
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