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16 avril 2022 @ Fantôme paradise

Alors, voilà, c'est super officiel. Mon livre "Très chers fantômes" sort au mois de juin. Mois de toutes les sorties, mois de toutes les festivités. Je vais d’abord célébrer mon livre pour le CHU avec les chirurgiens cardiaques. C'est promis. ll faut que je prépare un discours. Wah ! Me retrouver devant un parterre de personnes que j'admire, me retrouver devant un parterre d'officiels, me retrouver devant un parterre de patients que j'ai interviewés et dont certains sont devenus amis. Je sens que mes jambes vont flageoler. J'espère être une dernière fois à la hauteur de leur confiance. Parce que jusque-là, j'ai eu ma ration d'encouragements. Encore hier, un coup de fil de félicitations, suite à la lecture de tout l'ouvrage. Il paraît que j'écris si bien les portraits… que tout le livre est passionnant, excellent, émouvant, que c'est "superbe". Et bien, si j'ai un coup de blues… je sais quel numéro composer !


Hier, une patiente est venue me voir sur mon île. On a parlé renaissance et cœur. Forcément. On a marché, à son rythme. On a admiré le soleil et on s'est repu de beaux paysages. Elle était heureuse d'avoir monté tout l'escalier abrupt de l'église. Elle s'est fixé des défis. Je lui ai raconté les miens. Son cœur a été réparé par une équipe, avec à sa tête un homme brillantissime. Sa vie était entre ses mains. Elle lui a fait une confiance absolue pour toutes les décisions à prendre. Et elle a bien eu raison. Quel honneur de connaître toutes ces personnes, quel honneur de raconter 50 ans de chirurgie cardiaque à Rennes en 132 pages. Plus que quelques relectures, quelques détails encore… BAT fin de semaine prochaine exigé. Hâte de le tenir dans les mains !


Alors, mes fantômes. Elle est assez dingue cette histoire. Je vous remets dans le contexte : en 2009, mon cousin, qui dirige une compagnie de théâtre - mais pas que- me demande d'écrire une comédie musicale pour les enfants, qui sera jouée au théâtre de l'Aktéon, à Paris, dans le 11ème. "Toi qui sais écrire !" Bien sûr !! Mais moi je sais écrire des articles, des enquêtes, des portraits, le tout en une page, peut-être dix… mais une comédie musicale entière, are you sure my dear ??? "Oui, oui, je suis sûr !" "Laisse-moi réfléchir et je te rappelle"……… la nuit d'après, je dors à poings fermés, quand je suis réveillée par une espèce de vision, un truc de maboule, je vois se dessiner trois fantômes installés sur un mur (qui picotent du pain dur, mais non, mais non, je m'égare !) qui chantonnent une ritournelle et qui rigolent à gorges déployées. Oups ! Le lendemain, je rappelle mon cousin et je lui dis que ça va le faire, je ne sais pas comment, ni par où je vais commencer, mais ça va le faire, je dis OUI !!! Deux semaines après, nous partons au Brésil en voyage. En plein carnaval. Mois de février en France, mois tout gris, tout triste, tout terne. Là-bas, c'est du orange, du jaune, du vert, du bleu, du rouge… une explosion de couleurs, de joie, de chants, de danse… je danse une nuit entière au rythme de la samba en regardant défiler les chars dans le Sambrodomo, je m'extasie devant les toucans, je me gorge de pinacolada, de mangues… et je monte voir le Corcovado. L'ambiance festive est encore là : dans le petit train qui serpentent pour arriver tout en haut du pain de sucre, des musiciens, des chanteurs… et le voilà ce Christ. Il est incroyablement beau, si fin, il semble embrasser toute la baie de ses bras protecteurs. On ne croit ou on ne croit pas, il se passe forcément quelque chose quand on arrive au pied de ce Christ Rédempteur. Et là… je me retrouve face à un jeune homme qui arbore un t-shirt… avec 3 fantômes !!!!!!! Cette scène est-elle bien réelle ? Ne suis-je pas en train de rêver ? Je vais lui parler. Il est Français, il est musicien, il vient faire une tournée ici. Vous le croyez ????? Là, je me dis que ce n'est pas possible… l'histoire est en train de pousser !



Quand je rentre en France, j'essaye de garder l'énergie et la puissance de ce voyage. Alors je fonce. Mais par où commencer ??? Mon cousin m'avait donné des indications un peu sommaires : tu as trois personnages parce que j'ai trois comédiens et tu dois tenir une heure sinon c'est trop long pour les enfants. Ok, super. Mais à part ça ? Le vertige de la liberté m'envahit. Par où commencer ???? Et là, à la radio, j'entends une interview de Philippe Labro qui raconte comment il commence ses romans. "Et bien les personnages, les personnages, les personnages ! Je décris ce qu'ils mangent au petit déj, ce qu'ils voient en ouvrant leurs volets le matin, quelle couleur ils préfèrent, comment ils s'habillent… je les mets en scène en quelque sorte. Et même si je ne me sers pas de tous ces détails ensuite dans le récit, je les connais par cœur et il est alors facile de les mettre en scène." Merci Philippe ! Allez go… j'ai trois personnages. Je vais mettre un homme, une femme, ce sera chouette, je pourrai bâtir une histoire d'amour (oui je suis classique) et puis je vais ajouter une femme comme ça il y aura plus de femmes (oui je suis féministe). Et je me mets à construire mes personnages… j'ai bien appris pendant mes études comment se construisent les contes : un héros doit faire face à une problématique, il part pour la résoudre et un jour revient, mais changé par son aventure. En gros, c'est ça. Et puis j'ai lu, vu, entendu beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup d'histoires. Je suis imprégnée de tout ça. Alors, je n'ai pas trop à me forcer. Mais je suis aussi très bonne élève. Je bâtis un plan en trois parties, je dispose les futurs chansons… cherche un lien pour faire avancer l'histoire, le trouve avec des oiseaux qui vont venir aider les héros. Je me vois encore, dans mon jardin, écrire l'acte 2 en une seule et unique journée. On m'avait souvent raconté que les auteurs se considéraient comme des passeurs, que l'histoire existait déjà quelque part, et qu'ils n'avaient qu'à la cueillir. J'ai ressenti cela. Très fort. J'ai pris des tonnes de notes, j'y pensais tout le temps, je discutais avec des personnes, je leur piquais un mot qui me plaisait. Je me baladais dans les rues, j'entendais une expression chouette, hop, je l'intégrais au récit. C'est hallucinant cet état de création. On ressent une puissance. Mais une puissance. Rien ne peut vous arrêter. Et puis j'ai travaillé avec un musicien pour les chansons. Que c'était fou. Et est venu le jour où j'ai mis un point final. Où j'ai passé mon histoire au metteur en scène. Je n'en ai plus entendu parler pendant des mois. Lorsque la première s'avance, je mets ma robe rouge, celle qui me porte bonheur. Les enfants s'installent dans les rangs du théâtre et le spectacle commence… Je n'ai rien vu. J'ai pleuré pendant une heure. Découvrir ses propres mots incarnés sur scène. C'était tellement fort. Tous les détails de mise en scène imaginés étaient sous mes yeux, là, la chanson de Joséphine faisait sortir les mouchoirs, Annabelle faisait rire avec ses enguirlades de mots et Bobby, le roi de la technologie, se déhanchait façon high tech… Signer des autographes à la sortie, voir que cette histoire qui prône l'amour des lettres et des mots touchent autant les parents que les enfants, que les chansons fonctionnent, que c'est tellement joli ! Et ce ne sera pas fini : le spectacle sera joué six mois, puis de nouveau six mois, puis à Versailles, viendra même deux fois à Rennes… et nous récolterons deux T, oui deux T dans Télérama ! Alors, on s'est dit que cette histoire, elle devait toucher de nouveaux enfants, de nouveaux adultes. Alors, on en a fait un livre. J'ai choisi une illustratrice au talent infini, Marie Détrée Hourrière, une amie peintre officiel de la Marine qui a enchanté mes mots et avec laquelle je voulais travailler depuis longtemps. Alors, encore un peu de patience. Il faudra attendre juin pour l'avoir entre les mains. Mais je ne peux résister. J'ai fini toutes les corrections. Marie a fini ses sublimes dessins. Je vous présente la couverture. Et je vous laisse savourer. Vous me suivez sur les nuages de mes Très chers fantômes ?






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