Ce matin, 8 heures, toujours sur mon île, je suis allée me baigner… la marée était encore bonne pour ma plage, alors impossible de rater ça.
Je ne réfléchis pas, ça pique toujours, il y a du vent bien froid et des vagues qui me lèchent la chevelure. Oui, je ne mets pas la tête quand même !
Mais je nage dix bonnes minutes. Une amie m'a dit qu'il fallait nager le temps du nombre de degrés : 3 degrés, 3 minutes, 10 degrés, 10 minutes… alors je nage en vérifiant l'heure au clocher de l'église. Je sors toute rouge tel un homard bien cuit, je ne sens plus mes doigts, mais je suis heureuse. C'est mon rituel à moi. Je suis vivante. J'ai ensuite écrit. Beaucoup. Dans le jardin. Au soleil. Surveillée par une élégante grive musicienne trop contente de trouver une pelouse fraîchement tondue. J'écris ce nouveau projet au sujet bien difficile. Une biographie d'un homme abusé petit.
Il faut trouver les mots. Des mots durs, qui frappent, qui saignent. Des mots de lutte. Des mots de courage. Des mots pour dénoncer. Mais aussi des mots d'espoir.
Pour raconter l'indicible et comment tenir debout. Malgré les larmes, malgré les sévices ancrés à jamais. Je suis fière de porter ce projet. Fière d'être aux côté d'Emmanuel pour l'aider à sortir ce livre qu'il s'était juré d'écrire depuis tout petit. C'est ô combien difficile de recueillir son témoignage, je marche sur des œufs pour ne pas le brusquer et le faire trop souffrir… nous avançons à petits pas et nous nous soutenons mutuellement. Il est même devenu mon préparateur physique (oui j'ai des kilos à perdre à cause des traitements et non ils ne vont pas être diminués vu le contexte. J'enrage). Mais Emmanuel est super pro !
Et puis j'ai fermé ma maison. J'avais un peu le cafard. C'est toujours dur de quitter mon cocon. Hier encore, je discutais à bâtons rompus sur la terrasse plein ouest de mes amis musiciens, après un cours avec Lili, où j'ai répété les chants de la chorale pour épater mes copines lundi prochain. Dingue comme après quelques indications de posture et de souffle, ma voix est digne d'une chanteuse pro (si, si !). Coucher de soleil en ligne de mire. Soutien infaillible. C'est tellement bon de voir ce couple si adorable, si amoureux, se tenant la main, faisant attention l'un à l'autre… "Gentil Thierry" et "Douce Lili", modèle de respect et de délicatesse. La joie incarnée. Bateau, car, train… je rejoins la capitale bretonne, non sans un torrent de pleurs incontrôlables. On m'a prévenue, cela ne va pas s'arrêter de sitôt. Mais quand est-ce que ça va s'arrêter ? Je file retrouver mon élève qui me prépare mon blog. Ses propositions font mouche.
Et pour clôturer la journée en beauté… concert de Ben Mazué. Je le connais depuis ses tout débuts. Je l'adore depuis ses tout débuts. Ce soir, il nous a offert un show grandiose, mêlant vidéos racontant avec beaucoup d'humour son parcours, lumières aiguisées, flash code à savourer après le concert, textes ciselés entre les chansons, fou rire nerveux quand il évoque ses courses quotidiennes (après quoi ?) à 4 heures du matin à la Réunion "pas très bon pour la vie de couple… Comme tous ces mecs qui font le trail du Mont Blanc ou tous ces défis… mais qu'est-ce qu'on a à se prouver nous les mecs ? ". Amour, séparation, Émotion. "Toutes les nouvelles vies commencent par de la solitude"… Je ne vais sans doute pas tarder à retourner sur mon île…
Ce soir, humeur Ben Mazué bien sûr. "J'arrive". Cet homme est incroyable.
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